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Clap de fin dans les Anapurnas

Photo du rédacteur: SylvainSylvain

Le dernier challenge de notre tour du monde, le voici : 7 jours de trek dans le massif des Anapurnas, au sein même de l’Himalaya, rien que ça. Ce trek va être un vrai défi pour nous. Premièrement, car nous ne sommes jamais partis 7 jours en trekking. Deuxièmement, car nous sommes sur la fin de notre tour du monde et que nos organismes ne répondent plus aussi bien physiquement et mentalement aux défis que nous lui imposons. Mais qu’importe, nous avions prévu de venir au Népal pour trekker, nous allons relever ce défi.


Le Népal, ce pays coincé entre les deux géants que sont la Chine et l’Inde, est le toit du monde. Il possède 8 des 14 sommets au monde qui dépassent les 8000 mètres, avec notamment le plus célèbre d’entre eux : le Mont Everest.


De notre côté, nous avons décidé de s’attaquer au massif des Anapurnas, un massif montagneux dont le plus haut sommet culmine à 8091m : l’Anapurna 1. Notre trek vise à rejoindre le fameux ABC, comprenez Anapurna Base Camp, soit le camp de base des alpinistes qui s’attaquent à ces sommets. Notre ambition est de rejoindre depuis Nayapul, situé à 1000m d’altitude, le camp de base de l’Anapurna, situé à 4130m d’altitude. Ninon a trouvé sur des blogs et sur le site du Routard un guide francophone : Mankumar. Le rendez-vous est pris avec lui le 04 Mars 2020 à Pokhara, la principale ville à côté de laquelle part le trek.


La veille au soir, nous le rencontrons dans notre hôtel pour faire connaissance et pour avoir quelques conseils, notamment sur notre équipement. Visiblement, le sac de couchage, les gants, les bâtons et les crampons à neige ne seront pas de trop. Le ton est donné.


Jour 1 : de Pokhara à Gandruk (13km / +1000m)

Le 04 Mars, à 7h30, Mankumar nous récupère à notre hôtel.

1h30 de taxi local pour rejoindre Nayapul, le point de départ de notre trek.

Au programme de cette première journée, environ 13km et près de 1000m de dénivelé positif.

Nous traversons quelques villages pour commencer, nous longeons une route en terre empruntée par de nombreux bus et jeep. Deux chiens agités nous suivent sur près de 7km. Ça grimpe mais c’est largement acceptable.

Après une pause en milieu de matinée, nous attaquons une série d’escaliers au milieu des villages. Ça se complique sérieusement pour moi, à cause de mes problèmes récurrents au genou. Après une bonne heure d’ascension, uniquement dans des escaliers, nous atteignons un petit restaurant où Mankumar nous commande deux Dal Bhat, le plat typique népalais, pour reprendre des forces.

Malheureusement, pour moi, la suite de la journée sera essentiellement constituée d’escaliers. Au total, ce seront les 5 derniers kilomètres de cette journée que nous aurons fait en escalier. Avant d’arriver dans notre premier village étape, nous croisons un autre guide népalais. Mankumar l’interpelle et échange quelques mots en népali. Puis, le guide s’adresse directement à nous : « No base camp, too risky because of avalanche ». La météo des derniers jours et le réchauffement du sol lié à la fin de l’hiver augmentent drastiquement les risques d’avalanche. Si nous avions besoin d’être encore plus convaincus, Mankumar nous indique que le mois dernier, une expédition de 7 personnes (3 népalais et 4 coréens) s'est fait prendre au piège et n'a jamais été retrouvée... Nous arrivons à Ghandruk, où nous dormirons le soir même. C’est la fin de la première journée et si physiquement (j’entends d’un point de vue souffle), ça va, mon genou est déjà très enflammé. Je crains déjà pour la suite. Au dîner, nous discutons avec notre guide de la suite du trek. Ninon et moi ne souhaitons prendre aucun risque. Mankumar a obtenu la confirmation auprès d’un local que c’était très risqué de monter vers l'ABC. Nous décidons de bifurquer le lendemain pour partir sur un autre itinéraire et voir d’autres choses. Nous rejoindrons Dobato puis Ghorepani avant de redescendre sur Nayapul. Nous ne serons pas aussi près des géants de l’Himalaya mais devrions avoir un beau panorama d’ensemble. Qu’à cela ne tienne, après un bon repas servi à 18h30, nous allons nous coucher vers 20h. La température dans la chambre oscille entre 8 et 10 degrés. La nuit va être fraîche...


Jour 2 : de Gandruk à Tadapani (8km / +700m)

Le réveil sonne à 6h20. À cet instant précis, sortir de son sac de couchage, lui même recouvert de deux couvertures, pour aller éteindre le réveil qui sonne au bout de la chambre, constitue un véritable exploit. Je dois avouer que Ninon s’est admirablement dévouée. C’est d’autant plus remarquable qu’il n’y avait ni pain au chocolat, ni tartine de Nutella qui l’attendait à côté du téléphone. En ouvrant les rideaux de la chambre, un premier panorama splendide s’offre à nous : sur la gauche, l’Anapurna Sud : 7200m, sur la gauche le Machapuchere (ou queue de poisson) : 6993m.

Nous prenons notre petit dej au frais sur la terrasse face à ces montagnes.

L’objectif est de partir tôt pour arriver tôt : le temps doit se couvrir dans la matinée avant de devenir pluvieux en début d’après midi. Si nous pouvons éviter de cumuler humidité et fraîcheur extrême... Mankumar m’avait prévenu, il y aurait des escaliers pour sortir du village puis par endroit sur les 8km environ qui nous séparent de Tadapani. Il n’avait pas menti, mais globalement, c’était moins douloureux que la veille. L’autre différence, c’est aussi que nous sommes rentrés dans la forêt, et c’était vraiment sympa.

Sentiers en terre, ponts en bois, cascades, gros singes, énormes rhododendrons, bref beaucoup plus de nature que la veille dans les villages de la vallée.

Après un peu moins de 4h de marche, nous rejoignons Tadapani, où nous resterons l’après midi pour nous reposer. Pour Mankumar, c’est aussi important de ne pas monter trop vite en altitude et de s’acclimater progressivement. Nous avons monté 1000 mètres hier, 700 mètres aujourd’hui. Demain, nous devons atteindre Dobato et ses 3450 mètres, il faut donc y aller progressivement. Notre refuge offre une jolie vue sur la vallée. Malheureusement, comme prévu, l’après-midi est couvert et pluvieux et empêche les sommets de se dévoiler. Après le déjeuner, deux groupes allemands et argentins arrivent dans le même refuge, qui affiche complet ce soir. Ça met un peu d’ambiance. 18h30 : Dal Bhat.

La salle à manger, où nous sommes tous, s’enfume à cause du poêle à bois qui est mal isolé. Mankumar nous raconte l’histoire du système de castes au Népal jusqu’à la situation d’aujourd’hui. Hyper intéressant. 21h : Rideau.


Jour 3 : de Tadapani à Dobato (8km / +770m)

Ce matin, réveil à 6h00. La nuit a été très difficile : plusieurs réveils à cause du froid. On a beau avoir un sac de couchage chacun et trois couvertures sur nous, le froid pique. Au petit déjeuner, Mankumar me commande, entre autres, un pain tibétain. Je l'agrémente de miel, c’est excellent.

8h00, nous partons.

Encore une fois, le temps ne s’annonce pas favorable cet après-midi.

Nous allons donc marcher une demi-journée et s’arrêter au déjeuner. En même temps, le dénivelé positif à cette altitude (+770m à 3450m) requiert d’avancer par paliers. Après avoir quitté le village, nous rentrons dans la forêt.

Très vite, les sentiers sont enneigés. Nous continuons de monter pour rejoindre un premier village situé à 2969m : Meshar Danda.

Le village est en réalité composé de deux ou trois refuges. Nous nous réchauffons avec un thé au citron et au miel. Il faut dire que la température extérieure chute autour des 0 degrés.

La suite ? Des paysages complètement enneigés, nous marchons dans des chemins tracés par d’autres trekkeurs avant nous. Quelques flocons commencent à tomber : nous sortons les vestes imperméables, les gants et les housses de pluie et poursuivons notre marche vers Dobato.

Nous sommes vraiment seuls. Il nous arrive de croiser un sherpa ou un habitant de la région mais c’est vraiment rare. Le temps est vraiment couvert, la visibilité est presque nulle par moment, ce qui est un peu frustrant car Mankumar, notre guide, nous dit qu’en temps normal, le panorama est magnifique. Près de 4h après notre départ, nous atteignons notre point de chute pour ce troisième jour : Dobato. Nous sommes à 3450m. Les conditions de vie ici sont vraiment élémentaires : il y a une salle à manger avec un poêle à bois qui chauffe bien.

Pour le reste : un robinet à l’extérieur avec un miroir pour faire office de salle de bain, quelques chambres (sans chauffage bien sûr) dans un bâtiment qui semble être fait de bois et enfin, des toilettes à la turque...à l’extérieur.

Autant vous dire qu’avec les températures négatives, il est difficile de vivre ici. Nous passerons l’après-midi au pied du poêle, à jouer au petit bac, au pendu et à discuter avec la jeune népalaise qui tient ce refuge depuis quelques années. Le temps ne se dégage vraiment pas en cette fin de journée. Nous avons bien fait de rester au chaud. Malheureusement, les prévisions météo ne semblent s'améliorer qu’à partir de dimanche, soit dans deux jours. Espérons qu’à notre réveil, le temps sera un peu dégagé pour voir de plus près ces géants de l’Himalaya...


Jour 4 : de Dobato à Tadapani (8km / -770m)

À 3450m d'altitude et dans un refuge très sommaire, la nuit a été -encore- très compliquée. A 6h du matin, lorsque le réveil sonne, sortir du sac de couchage, lui même recouvert de deux couvertures est très difficile. Mais l'envie de découvrir le panorama qui était couvert la veille prend le dessus. Quelques minutes plus tard, chaudement habillés, nous pointons le nez dehors. Et là -mauvaise- surprise : un épais brouillard et surtout 70cm de neige fraîche....

Nos plans vont de nouveau être contrecarrés. Car, vers 11h, lorsque le brouillard disparaît progressivement, nous avons deux options : 1/ poursuivre notre chemin ver Ghorepani en passant par un sommet à 3600m et surtout descendre ensuite sur une pente raide avec 70cm de neige fraîche, ou 2/ faire demi tour et redescendre vers Tadapani dans un premier temps, d'où nous venons, puis partir ensuite vers Ghorepani par un autre chemin. Pour ne prendre aucun risque (avalanches nombreuses ces derniers temps), nous choisissions la deuxième option. Reste maintenant à affronter la neige, fraîchement tombée...Nous n'avons ni après-ski, ni pantalon étanche. Nous tentons avec un cape de pluie de former des guêtres pour nous protéger des mollets jusqu'au pieds. Ça fera l'affaire.

Mankumar, qui connait parfaitement la région, ouvre le chemin et crée un sentier car tout a été recouvert. Il faut sacrément connaître pour redessiner un sentier piéton dans 70cm de neige.

Le soleil perce par endroit. Pour le coup, c'est assez féerique.

En arrivant plus bas, nous trouvons de la neige fondue. Il est 16h, nous arrivons où nous étions il y a deux jours : à Tadapani. "Retour à la case départ". A cet instant précis, nous hésitons vraiment le lendemain à redescendre tout en bas : le froid, les échecs successifs de nos itinéraires, le refuge très déprimant de Dobato nous font douter. Pour nous, si le soleil n'est pas au rdv le lendemain, nous arrêterons tout et feront marche arrière jusqu'à Nayapul...


Jour 5 : de Tadapani à Ghorepani (11km / -520m / +770m)

Au cinquième jour de notre trek, le soleil est enfin au rendez-vous. Pas un nuage à l'horizon.

Notre moral remonte. Après un excellent petit déjeuner à base de pain tibétain, pomme de terres, oignons et omelette, nous reprenons notre marche en avant, direction Ghorepani situé à 2850m.

En quittant Tadapani, nous sommes alors à 2700m, mais notre journée va être chargée car nous allons descendre à 2500m puis monter à 3200m avant de redescendre et terminer à 2850m.

Nous débutons à travers la forêt pour rejoindre un cour d'eau avant de remonter vers un petit village où de petites chèvres font de l’œil à Ninon.

Un peu plus loin, nous retrouvons des sentiers enneigés mais à la différence de la veille, la neige n'est pas fraîche : des trekkeurs sont déjà passés par là la veille, et la nuit glaciale a peaufiné le sentier avec un peu de verglas, pas idéal surtout avec les pentes qui s'offrent à nous.

Nos bâtons ne sont vraiment pas de trop. Par endroit, des cordes sont installées le long de la paroi rocheuse pour aider les randonneurs à monter et descendre. 3 heures après avoir entamé cette longue ascension, nous terminons cette ascension qui a peu plu à Ninon.

Nous arrivons à Deurali view point, un premier belvédère d'où nous pouvons observer Dhaulagiri, le 7ème sommet du monde. Il culmine à 8167m...

Nous sommes censés voir également l'Anapurna Sud et un bout de l'Anapurna 1, mais les nuages, en ce début d'après-midi, ont refait leur apparition et couvrent une partie du massif des Anapurnas. Ce sera partie remise pour demain matin à Poon Hill. Nous redescendons gentiment vers Ghorepani où nous arrivons en début d'après-midi, le temps de déjeuner et de s'asseoir auprès du poêle à bois pour se réchauffer.


Jour 6 : de Ghorepani à Nayapul par Poon Hill (24km / +300m / -2200m)

Ce matin, nous mettons le réveil encore plus tôt que d’habitude : 4h45. L'objectif ? Partir de notre hôtel à 2850m pour rejoindre en une petite heure les 3210m de Poon Hill, une colline depuis laquelle on peut observer le lever du soleil sur les Anapurnas et sur une autre partie de la chaîne de l'Himalaya. A 6h10, nous atteignons ce sommet. La lune est encore présente à l'horizon mais le ciel passe progressivement du rose, au rouge, à l'oranger, le tout dans un dégradé de bleu. C'est magnifique.

Nous étions venus pour contempler ces massifs. Nous avons ce panorama sous nos yeux.

Face à nous : Dhaulagiri : 8167m, Anapurna I : 8091m; Anapurna Sud : 7219m, et ma préférée, Machapuchare (ou queue de poisson en français pour sa forme si singulière) : 6993m. Ce n'est pas la plus haute des montagnes qui s'offrent à nous mais je trouve que c'est celle qui dégage la plus belle harmonie visuelle. Le soleil commence à percer. La cime de ces géants passe d'un coup du blanc à l'orange.

Le contraste avec le bleu du ciel est saisissant. Nous avons fait plusieurs levers de soleil lors de notre tour du monde : à Uyuni, à Bagan, au Machu Picchu...

Je ne sais pas si c'est parce que celui-ci sera probablement le dernier de notre tour du monde, ou si c'est parce que ce panorama est vraiment exceptionnel mais une pointe d'émotion nous traverse le corps.

Bientôt 7h du matin, nous nous apprêtons à redescendre vers Ghorepani puis dans la vallée. Initialement, nous devions nous arrêter à Ulleri, soit 12km plus bas. Nous marchons sur un très bon rythme en ce dernier jour, au point que nous atteignons Ulleri à la mi-journée, après avoir croisé plein d'enfants, qui célèbrent Holi, le passage de l'hiver au printemps dans la religion hindou.

Nous décidons alors d'atteindre le point d'arrivée de notre trek le soir même pour rejoindre Pokhara en fin de journée et avoir une nuit et un réveil plus tranquille le lendemain. Vers 16h30, nous arrivons près de Nayapul. Après 72km, des changements d'itinéraires, des nuages, de la neige, et enfin du soleil, nous terminons ce trek soulagés et heureux d'avoir été au bout du bout !

 

Nos conseils et bonnes adresses à Pokhara

Avant et après votre trek, Pokhara constitue une étape idéale pour se préparer et se reposer tranquillement au bord de son lac. Voici quelques adresses que nous avons pu tester au cours de nos 3 jours sur place.

  • Le café concerto : un resto incontournable pour ses excellentes pizzas et tagliatelles. Sans oublier, la cheminée centrale, très appréciable lors des soirées fraîches.

  • Le resto MO2's delights : parfait pour un déjeuner sur le balcon pour découvrir les mo-mo maison (des raviolis vapeurs népalais)

  • Le café AM/PM, pour une pause sucrée et des excellents cafés bio. Accueil super chaleureux de David !

  • The Belgian Waffle, pour une gaufre au nutella en guise de dessert en fin de soirée dans la rue commerçante.

  • La german bakery, pour ses gâteaux et le grand jardin qu'elle offre face au lac de Pokhara.

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Il y a 4 ans, quand Pierre, le père de Ninon, a rencontré Sylvain, il lui a dit quelque chose comme ça : "je suis bien content que Ninon t'ait rencontré, elle aura moins la bougeotte et ne risque pas se tirer au bout du monde!". Oui...alors, ça, c'était avant. Avant de partir à Cuba fin 2016, de découvrir des villes coloniales [...]   Lire la suite

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